Faire Fuir les Coureurs : FFC vs UFOLEP… la meute éclate…

Voici l’histoire banale d’un club qui passe de la FFC à l’UFOLEP…

Nous aurions pu en cette fin d’année 2020 changer de fédération et « point… à la ligne » mais en tant que président, ancien élu et fervent défenseur durant de longues années d’une fédération qui s’effrite doucement tel un château du siècle dernier non entretenu, je voulais donner mon sentiment, non pas un sentiment d’aigreur (il y a plus grave dans la vie) mais un sentiment de gâchis et de déception car j’ai passé au sein de cette fédération des moments inoubliables, j’y ai rencontré de nombreux amis et des gens exceptionnels et je lui doit beaucoup de mes souvenirs cyclistes.

Mais nous ne pouvons plus ignorer que la situation interpelle puisque certains « grands » noms du cyclisme commencent à souligner les manquements de la FFC comme Joël Pelier, Jean-François Bernard, Cyril Guimard ou Bruno Cornillet alors que les dirigeants FFC continuent à s’enorgueillir, avec raison, des titres de Champions du monde sur route ou en VTT et nous font croire, à travers quelques mails à des jours meilleurs auxquels plus aucun licencié « d’en bas » ne croit. La meute se disperse et trouve refuge là où on lui propose tout simplement de « faire du vélo » sans se ruiner. Nous faisons parti de cette meute et avons, à contre coeur, pris le parti de quitter cette « armée espagnole » qui néglige de plus en plus le cyclisme d’en bas, notre cyclisme, celui que nous sommes fiers de représenter. Je ne veux plus être l’avocat d’un groupement organisé indéfendable dont le fil rouge est l’équilibre financier plutôt chancelant et dont mon club est une des pompes mais pas un puits sans fonds.

Je suis licencié à la FFC depuis 1985 (cadet 2) et élu durant 1,5 ans (2014-2015) comme président de la commission VTT du comité Nord – Pas-de-Calais. 2020 sera, non avec une certaine amertume ma dernière licence dans cette fédération. Contrairement à quelques grands champions dont certains ont presque complètement quitté le milieu cycliste, j’ai en tant que président du team Pévèle-Carembault Cyclisme depuis maintenant 13 années, longtemps cru à un sursaut d’orgueil des dirigeants, leur proposant même de l’aide, notre vision des choses mais le « oui, on se recontacte pour en parler » éminemment politique est toujours resté sans suite. Nous sommes quelque uns au club à avoir un pincement au coeur au moment de signer notre nouvelle licence à l’UFOLEP. Néanmoins ce pincement est loin d’être douloureux puisque nous allons retrouver quelque part notre cyclisme d’antan, celui qui nous faisait tourner autour d’une église toute l’après-midi ou rouler dans des pâtures parfois impraticables : l’objectif étant de mettre la mine aux copains et boire une bonne bière à l’arrivée.

Pourtant de nombreux clubs (dont nous faisions parti) jouent ou ont essayé de jouer le jeu qu’ont voulu nous imposer les fonctionnaires d’une fédération obsolète ; oui nous avons voulu y croire, nous avons joué le jeu avec chaque année quelques concessions faites avec enthousiasme : diplômes d’arbitres, diplômes d’entraineurs, labellisation de notre école de cyclisme avec augmentations des licenciés jeunes au sein de notre club (nous avons cette année une trentaine d’inscrits pour cette école VTT) ou encore développement du cyclisme féminin. Oui nous aurions voulu, comme il avait été convenu, qu’un membre de notre fédération passe nous voir un samedi matin mais évidemment nous ne sommes qu’un petit club campagnard comme il en existe des dizaines en France et d’où ne sortira jamais des champions. Au lieu de cela on nous réclame encore de l’argent pour promouvoir, via quelques banderoles, la formation des jeunes.

Vous nous avez assez utilisé messieurs ; je ne suis pas partisan du « c’est mieux ailleurs » mais je suis partisan d’un cyclisme dont les dirigeants mettent au centre du village les pratiquants, les petits pratiquants car c’est cela que nous sommes. Bien sûr, l’élite doit être considérée, et j’ai été témoin durant 17 années au vélo club de Roubaix que c’était le cas mais là encore, de nombreuses questions ont été posés par des gens beaucoup plus compétents que moi dans ce domaine. L’élite est-il mieux loti que les « petits coureurs » ? Je n’en suis pas sûr et nos titres de champions du monde ne sont-ils pas l’arbre qui cache la forêt. Notre champion du monde sur route n’est-il pas dans une équipe étrangère ?

J’ai l’impression que cette fédération est une coccinelle sur le dos qui se débat, en vain, pour se remettre en marche.

Alors déçu ? Oui… surtout par le manque d’intérêt que porte les élus à des petits clubs comme le nôtre. Si vous n’organisez pas un championnat régional ou national, plutôt route et piste que VTT, si vous n’organisez pas un challenge national ou une course en ligne de haute volée où les élus pourront venir se pavaner sur le podium et boire une coupe de champagne et manger des petits fours avec telle ou telle personne publique de renom, alors vous resterez à votre triste sort d’organisateur à qui on va soutirer le seul argent que vous avez essayé de rassembler pour faire plaisirs aux « coureurs », vous savez ces gens qui font notre sport. Je n’aie pas été un grand coureur qui sera, par sa notoriété, écouté ou simplement lu mais simplement un passionné qui essaye de partager un sport qui m’a toujours habité. Depuis 13 ans notre club n’a cessé de se développer, de s’intégrer dans son environnement plutôt que dans une fédération dont le seul leitmotiv est de « faire de l’argent ».

Alors frustré ? Non car j’ai eu la chance de pratiquer le cyclisme que j’ai voulu durant des années ; loin d’être un champion, j’étais simplement heureux d’aller le week-end ou la semaine d’ailleurs, me battre avec les copains, me « faire mal à la gueule » comme on dit. Je faisais environ 50 courses dans l’année de mars à octobre (VTT et route) ; aujourd’hui je ne sais même pas si il y aurait 50 courses à me proposer pour ma catégorie. Lever les bras devant un public de passionnés étaient un bonheur simple, celui du dimanche après midi.

Alors heureux ? Oui, de retrouver une fédération qui propose une alternative, non pas pour moi car il y a bien plus important dans la vie mais pour les jeunes, vous savez, messieurs, ces enfants qui aiment prendre un départ, qui aiment se battre, qui aiment recevoir simplement une médaille.

Les élus du cyclisme professionnel sont rares, ceux qui vont sortir de la meute pour bien vivre de leur passion sont rares, ceux qui veulent simplement « faire du vélo » sont légions et il est paradoxal, aujourd’hui, alors que la diversité des pratiques se développent que la FFC perdent des licenciés. Peut-être parce que les cyclistes d’en bas ont l’impression de payer pour les autres, certes pour offrir à la France des Champions du monde, mais à quel prix ? En tous les cas, plus celui que je veux payer pour… Rien.

Il est plus que temps, messieurs, de remettre le pratiquant sur le podium et non plus le laisser dans les coulisses, en rêvant à des jours meilleurs. Comme dit si bien Bruno Cornillet : « Que le cyclisme revienne aux cyclistes, aux clubs et aux organisateurs ! » Et le président que je suis, à l’écoute de ses adhérents, ne peut plus vous défendre messieurs… au revoir et bon courage. Vous venez de perdre encore environ 45 licenciés, une école de VTT de 35 enfants et quelques adultes motivés à faire vivre un cyclisme que vous avez oublié.